Au moment où le savoir faire français est remis en question… Atelier Particulier nait!
Les Inuits ont été les premiers à porter des lunettes de soleil. Mais à l'époque, ils étaient constitués de deux coquilles en bois, avec de simples fentes au milieu. Les lunettes telles que nous les connaissons aujourd'hui sont le résultat de mille ans de savoir-faire. Ce savoir-faire s'est forgé au fil du temps, au fil des progrès technologiques.
Les années 1970 ont vu une délocalisation croissante des ateliers de production. Cela rivalise avec le bassin du Jura. Ainsi, l'expertise en lunettes est durement touchée. Taïwan, Hong Kong et même le Japon proposent des modèles à moitié prix. Cette baisse s'est encore accentuée dans les années 80, avec l'ouverture des échanges à la Chine.
Les premières grandes maisons quittent le navire pour la Chine, où les coûts de production sont plus bas. Certains ateliers ont été contraints de délocaliser une partie de leur production. Les machines qui y ont été envoyées ont été copiées. Dans le même temps, les travailleurs chinois ont été formés par des ateliers ou de grandes maisons afin de gagner du temps. Et c'est ainsi que l'Asie s'est appropriée ce savoir-faire centenaire en à peine une décennie. Une performance, il faut la reconnaître. C'est dans ce contexte que l'Atelier Particulier est né.
Quelques faits historiques
Saviez-vous que les verres français ont presque disparu? En résumé: dans les années 80, deux options s'offraient aux acteurs du métier:
Fabrication externalisée
Fabrication des verres dans le Jura (en France)
Dans cette bataille, l'Asie a rapidement gagné du terrain qu'elle a conquis sur la France. Les chiffres parlent d'eux-mêmes: dans les années 1970, 10 000 personnes travaillaient pour fabriquer des lunettes de fabrication française. En quelques décennies, leur nombre a été divisé par 5: il n'y en a plus que 2 000… Inutile de dire qu'à l'époque, le savoir-faire français de la lunetterie est menacé. Ils sont aujourd'hui peu nombreux à soutenir l'industrie en France: Jérôme Lempereur pourra en témoigner. Sa famille fait partie de ceux qui ont sauvé ce savoir-faire.
Jean Lempereur, un homme animé par le savoir faire
Toute l'histoire de Lempereur commence dans une grange. À l'époque, le père de Jérôme, Jean, était opticien. Et il dresse un constat: sur le marché, aucune lunette ne correspond aux exigences de ses clients ou des siennes. Les lunettes ne sont pas assez durables ni assez modernes.
Sa mission est d'offrir des lunettes de fabrication française à ses clients. Il a donc fait le choix audacieux de fabriquer ses propres lunettes, maîtrisant le processus du premier au dernier maillon de la chaîne.
Lorsqu'il a commencé à fonctionner en 1969, il était encore possible de s'approvisionner dans les ateliers du Jura. Mais très rapidement, les délocalisations sont telles que l'obtention de ces fournitures devient matériellement impossible. Il n'y a plus assez d'ateliers de lunetterie Jura pour l'approvisionner. Si Jean Lempereur veut conserver son savoir-faire, il doit trouver une solution: ce sera ce qu'on appelle «la verticalisation de l'industrie». À Évreux, il construit une verrerie du début à la fin: les différentes étapes de fabrication du produit s'y déroulent.
Atelier Particulier est née
La stratégie a fonctionné! Quelques années après avoir démarré son activité dans une grange, la clientèle est là: 30 000 montures par mois sont produits pour répondre à la demande. Jean Lempereur n'est plus seulement le nom d'un petit opticien normand: il devient une marque que les grands couturiers s'emparent. Dans les années 1980, Balmain, Valentino, Sonia Rykiel et même Yves-Saint Laurent l'ont fait appel. Ils sont séduits par les matières rares avec lesquelles il travaille: bois, écaille de tortue ou corne de buffle.
Plus important encore, ils apprécient les possibilités créatives offertes par l'acétate. Contrairement à d'autres matériaux comme la corne, l'acétate peut se mouler. Sa facilité de mise en forme lui permet de donner des formes originales, tout en offrant une large palette de couleurs: du rouge vif au noir de jais en passant par la carapace de tortue. La marque française s'est rapidement implantée à l'international, grâce à ce savoir-faire original et à la modernité des produits proposés.
Aujourd'hui, Jérôme Lempereur, opticien comme son père, continue de gérer le réseau d'opticiens Jean Lempereur. Entre-temps, l'atelier de Jean a changé de propriétaire, mais le savoir-faire est resté intact. À propos, la preuve en est: le contremaître est resté le même. Passionné, il exerce son métier depuis plusieurs décennies dans cet atelier normand! Et aujourd'hui, pour Atelier Particulier!
Investissements & ascension
Entre 2015 et 2017, près d'une dizaine de nouvelles marques ont migré leur fabrication française de montures 100% acétate ou de combinaisons métal / acétate en France. 2018 s'inscrit dans la dynamique de l'innovation et de l'investissement:
Extension des locaux
Mise en place de deux centres numériques 5 axes, l'un pour les prototypes, l'autre pour la production de façades
Intégration d'un centre laser pour la découpe et le marquage
Nouvelle chaîne de montage
Ces investissements permettent d'augmenter la capacité de production et ainsi d'accélérer notre réactivité. En 2019, pour accompagner l'augmentation de la production, 4 nouvelles batteries barils seront mises en service.
2020, leur usine reçoit la certification Origine France Garantie. Ce label atteste de la véritable fabrication de vos lunettes sur leur site. Il est périodiquement vérifié et certifié par l'organisation AFNOR.
Après 25 ans passés dans l'informatique, Atelier Particulier a souhaité reprendre une entreprise au savoir-faire solide. Peu de gens savent qu'ils ont presque tous les modèles de lunettes fabriqués depuis plus de 30 ans! Dessins de grandes marques ou marques disparues ... Certaines de leurs œuvres au bureau d'études mériteraient de figurer dans un musée. Ils l'appellent notre trésor.
Impacts du coronavirus
Au début de la crise, Atelier Particulier a décidé d'augmenter ses stocks d'acétate. En Italie, même après le début du confinement (mesures de maintien à domicile), les usines étaient toujours actives. Le 17 mars, l'Atelier Particulier a affirmé avoir reçu 300 kg d'acétate supplémentaire. C'est un investissement, mais cela leur a permis d'avoir suffisamment de matériel pendant environ 1 mois et demi. Thierry, l'un des administrateurs a déclaré: «C'était important de le faire, car en tant qu'entrepreneur, nous avons une responsabilité civique et économique».
En France, de nombreuses personnes se battaient pour conserver leur emploi et leur savoir-faire à l'époque. Il était donc logique, pour eux, d'adopter la même attitude.
Ecrit par Adam